Double nationalité et dénaturation de la nationalité française
Les attentats islamistes du 13 novembre 2015 ont servi de prétexte au gouvernement Hollande Valls pour mettre en scène une fermeté qui tranche avec le discours laxiste des socialistes – hormis le révisionnisme historique – qui tenait lieu de sceau politique, face à une droite régimiste dissimulant un laxisme identique sous le leurre des tartarinades verbales.
Outre l’état d’urgence dont tout Français non renié sait par expérience qu’il en sera plus la victime que ceux contre lesquels il a été officiellement décrété – le général Piquemal (au comportement tristement « boulangiste »), l’a appris à ses dépens à Calais le 7 février 2016 en protestant contre l’occupation de la ville par les envahisseurs – il est envisagé de déchoir de la nationalité française toute personne disposant d’une double nationalité et présentant un danger pour la vie de la nation, déchéance maintenant étendue à toute personne condamnée pour un crime ou un délit constituant une atteinte grave à la vie de la nation. Dès lors, les « ennemis » visés seront-ils moins les islamistes que les nationalistes ?
Le fait n’est pas si nouveau : en 1945, cela s’appelait l’indignité nationale et cette peine a été créée et appliquée par les faillis de 1940 revenus au pouvoir dans les fourgons de l’invasion anglo-américaine contre ceux des Français qui avaient servi la politique de Révolution nationale de l’Etat Français. A l’époque, elle avait frappé près de 100 000 personnes, à commencer par le maréchal Pétain.
Aujourd’hui, qu’est-ce qui justifie, au fond une telle mesure de déchéance ? Certes, les personnes officiellement visées – à savoir, les islamistes – sont dangereuses pour la sécurité nationale. Mais pourquoi le sont-elles ? N’édulcorons pas le sujet : les personnes visées par cette déchéance le sont parce que, tout simplement, elles possèdent des papiers d’identité français mais ne sont pas charnellement des Français.
La raison fondamentale de cette situation est d’ordre idéologique, sa traduction juridique n’en étant qu’une conséquence. Depuis 1789, la définition de la nationalité française a changé. Nous sommes passés en fait d’une conception charnelle et ethnique de la nationalité à une conception idéologique, à savoir celle de la nationalité républicaine. Nous sommes passés d’un régime de France à un régime d’anti-France.
A une pensée fondée sur l’ordre naturel au sein duquel l’homme est soumis à des lois qui le dépassent et auxquelles il doit se conformer pour mener une existence saine, s’est substituée l’idéologie des « Lumières » plaçant l’homme au centre du monde et posant que, par sa seule raison, il est en mesure de décider de tout, de ce qui est bien comme de ce qui est mal. Si l’un des derniers avatars de ce rationalisme abstrait en est la « théorie du genre », la dénaturation de la nationalité française en est un des premiers.
La république française est un régime à vocation universelle dont le centre de diffusion est la France ; autrement dit, la France est appelée à se diluer puis à se fondre dans la « république universelle ». Dès lors, la notion de nationalité française ne se confond plus avec l’ethnicité française qui fait – sauf exception, par le sang versé notamment -, que tout naturel Français est blanc, de culture gréco romaine christianisée, et surtout qui fait sien l’héritage de Vercingétorix, Clovis, Charlemagne, Saint-Louis … Richelieu … des « Poilus » de 14-18. Et cette dénaturation s’est manifestée dès 1793 où l’un de ses membres était l’anglo-américain Thomas Paine qui ne parlait pas français ! Il lui suffisait, pour être « français », de partager les idéaux révolutionnaires des droits de l’homme et du citoyen, notions abstraites, désincarnées ! D’ailleurs, ceux qui ne partageaient pas ces idéaux étaient considérés comme des êtres intermédiaires entre l’homme et l’animal : les Vendéens en ont fait la terrible expérience avant qu’en Russie, ceux qui n’adhéraient pas au bolchevisme se voient aussi dénier toute humanité.
Cette nationalité dénaturée fait que la nationalité française peut être accordée sans qu’il soit demandé et vérifié que celui qui la sollicite ait fait sienne la tradition française, à savoir ce code génétique de l’être national français, ce plan architectural selon lequel un peuple bâtit son histoire, alors que fidèle aux impulsions spécifiques de son âme, il crée, évolue, sans jamais briser ses lignes de fond, restant consubstantiel à son passé, à ses ancêtres, au génie de sa race. Pour devenir Français, l’assimilation n’est plus exigée ; l’intégration suffit, à savoir l’insertion d’un élément étranger dans un corps jusqu’alors homogène, laquelle aboutit inévitablement à son éclatement, ce qui se passe avec le multiculturalisme. La « laïcité républicaine » est l’emblème de cette dénaturation.
De nos jours, la nationalité se définit comme une simple inscription juridique créatrice de droits à travers l’acquisition, par un acte administratif, d’un papier vous définissant de ce seul fait comme Français. Cette nationalité juridique a d’ailleurs gangrené nombre d’Etats de la planète, à commencer par les Etats d’Europe. L’acceptation de la double nationalité en découle.
Or, de même qu’on n’appartient qu’à une seule famille, on ne peut servir deux maîtres à la fois. Il faut choisir son appartenance. De ce point de vue, l’islam, idéologie religieuse mêlant foi et dispositions juridiques, plaçant l’appartenance à l’oumma (la communauté des croyants) au premier rang, ne facilite en rien l’assimilation.
Régime d’anti-France, la république s’est construite dans le rejet du christianisme – et surtout du catholicisme. Si la foi ne se décrète pas, le rejet du catholicisme en tant qu’élément de civilisation défait le champ magnétique qui assurait la cohésion de la civilisation française, le mortier qui en soude les éléments constitutifs comme l’orthodoxie soude l’âme russe. C’est un déterminisme. Certes, l’Eglise à la dérive n’arrange rien. Néanmoins, être Français perd son sens réel chez nombre de personnes et les étrangers eux-mêmes ont une image déformée, dévoyée de ce qu’est être Français. Plus grave encore, vidée de son âme, la France perd tout rayonnement et par suite toute puissance assimilatrice.
Toutefois, le fait de poser la question de la déchéance de nationalité révèle les contradictions de l’actuelle notion de nationalité et l’impasse dans laquelle se trouve le régime, irréformable par nature. Dans ce contexte, cette déchéance de nationalité n’est pas la question primordiale, à supposer qu’elle s’applique effectivement à ceux qu’elle vise officiellement. Il importe avant tout de rétablir la conception charnelle de la nationalité, ce qui suppose le rétablissement de la France. Telle est la tâche que doivent mener les nationalistes.
Édito de février 2016 – MILITANT N°679.